se détache des hêtres ; un souffle invisible la porte sur l’onde agitée : c’est l’instant imprévu où la multitude animée, dont elle étoit l’aliment et la patrie, doit finir dans l’abîme des eaux ses destinées éphémères. Il observe ce roc immobile dont vingt siècles ont commencé l’irrésistible destruction. Les eaux ont fatigué sa base de leurs perpétuelles ondulations ; l’effort de l’air a desséché son front ruineux : dans ses fentes imperceptibles le lichen et la mousse se sont introduits pour le dévorer en silence ; étalés racines tortueuses d’un yf encore foible et déjà vieux, travaillent constamment à séparer ses parties entr’ouvertes. Le conçois-tu bien ce solitaire ? conçois-tu tout ce qu’il éprouve au sein du mouvement et du silence, de la végétation et des ruines ? le vois-tu s’avancer avec les ondes, se courber avec les branches, frémir avec l’oiseau fugitif ? le sens-tu quand la feuille tombe, quand l’aigle crie, quand le roc se fend ?…
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