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fougue aveugle, qui égaroit notre vie, une force raisonnée et permanente qui la soutient et l’améliore.

Si jamais cette élévation, à laquelle l’homme social cherche à se placer, fut réelle ou utile, si jamais elle put être appelée[1] la dignité de son être ; c’est lorsque sentant le besoin d’une règle et celui de l’énergie, sa dépendance des choses naturelles, et son indépendance inaliénable de tout assujettissement arbitraire, il s’élève à l’impassibilité et à l’abandon du sage ; obéissant aux choses quand il les reconnoît propres ou essentielles à la destinée de l’homme, et aux lois, quand il les a consenties ; docile à tous les maux particuliers de l’ordre naturel, à toutes les contraintes légitimes imposées par l’intérêt public, mais invincible contre tout ce qui altère la nature de l’homme, contre tout désordre en lui et hors de lui ; toujours indépendant, parce qu’il est toujours supérieur, soit qu’il consente, soit qu’il résiste, et toujours heureux par le sentiment de l’ordre universel, soit que ses effets accidentels combattent on favorisent son bien individuel ou son intérêt actuel.

  1. Quoiqu’improprement encore.