Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 115 )

êtres ; il s’est formé un ordre particulier de rapports, de convenances et d’affections. Il peut établir quelqu’harmonie dans ce monde factice ; mais à ses limites tout est mu selon les lois du monde universel : là finit le pouvoir de l’homme ; là aussi finit l’accord entre ce qu’il desire et ce qui est. Ceux dont les besoins et les idées sont resserrés dans un cercle étroit, ne soupçonnent pas ou imaginent à peine cette discordance placée à des limites qu’ils ne sauroient atteindre ; mais celui dont l’ame active s’est agitée dans la sphère toute entière de la déviation humaine, a par-tout senti briser son effort contre ce cercle d’oppositions d’impuissance et de misère, placé aux bornes nécessaires de l’œuvre accidentelle et périssable.

L’incalculable multiplicité des impulsions conservées ou reproduites, imprime en nous une activité immodérée qui nous entraîne à des efforts vains et destructenrs si elle agit librement ; et si elle est trop comprimée, dégénère en une apathie mortelle. La véritable philosophie allège également ces deux fléaux inévitables chez l’homme qui s’est voulu perfectionner.

La sagesse ou la recherche de l’utile et du vrai en étendant les idées, en balançant les