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émotion les journées brillantes qui mûrissent les premiers fruits, ou les nuits courtes que semblent attendre les fleurs les plus odorantes. Mais actuellement des teintes faibles conviendront davantage à nos affections trompées. Nous avons renoncé à vivre satisfaits, et quand l’aurore s’avancera d’un pas douteux, à travers les brouillards portés sur les prairies, quand l’été ne sera plus, nos jours abrégés, sembleront diminuer nos peines.

L’automne est le soir de l’année. Dans notre lassitude nous préférons ces derniers momens aux promesses du matin, à la splendeur de midi. Le ciel, pur des jours ardens, cette profusion de lumière, cette magnificence ne nous intéresse pas comme la simplicité automnale, comme le doux accord du silence dans le ciel, de la maturité des plantes et du repos de la terre. Paisible après les orages, mais voisine des frimas, et fugitive comme nos sensations, comme nos pensées même, l’automne nourrit en nous le renoncement à ce que de longues erreurs ont dénaturé. Elle indique des vérités plus fixes, et en écartant les inutiles sollicitudes de la passion, elle donne à l’esprit un calme qui sera le fondement de toute justice, de toute conciliation.

Ces ombres qui se prolongent, ces clartés affaiblies derrière des vapeurs qui ne se dissipent plus, ces