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LE NOTAIRE JOFRIAU

porte étant close, elle y appuya son oreille, mais ne perçut pas même un souffle. Prise de frayeur à la pensée qu’il pourrait être évanoui, elle poussa l’huis et entra. À la lumière de la lanterne, car il était six heures du soir, ses yeux se posèrent sur le dormeur dont le souffle était faible bien qu’assez régulier. Elle l’examina un moment puis se rassura, il venait de bouger. Ce mouvement découvrit un coin de la mystérieuse sacoche sur laquelle il s’était couché. Fortement intriguée, madame de Martainville s’approcha sur la pointe du pied : l’homme dormait toujours. Sûre que rien ne l’éveillerait de sitôt, elle voulut satisfaire sa curiosité. Comme la jeune femme se penchait sur lui, Prickett se retourna. Se rejetant brusquement en arrière, elle s’éloigna un peu. Allait-il s’éveiller ? Mais non ! Il continuait son lourd sommeil. Et Suzanne, comme attirée par un aimant, avança de nouveau. La valise, dérangée par le changement de position d’Arnold, pendait maintenant en-dehors du lit, à demi béante et des feuillets, légèrement froissés, dépassaient l’ouverture. La main placée en écran devant la lanterne afin que la lumière ne frappât pas les yeux de Prickett, la curieuse se pencha et regarda avidement.

— Ciel ! cette écriture ne m’est pas étrangère ; où donc l’ai-je déjà vue ?

N’y tenant plus, elle introduisit sa main dans l’ouverture pour en retirer les papiers et vit qu’ils recouvraient de nombreuses pièces d’or. Ceci ne re-