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LE NOTAIRE JOFRIAU

Alain de Martainville, pris par son service, passait la journée au fort : il ne venait à la maison que pour le repas du soir. Suzanne fut contente de la visite d’Arnold Prickett qui romprait sa solitude habituelle, pour un jour au moins. Elle avait hâte que son hôte se réveillât pour satisfaire son ardent désir de parler avec lui d’autrefois. Car il représentait pour elle une époque où elle conservait encore ses illusions amoureuses. Quand elle le rencontra, son âme était bercée d’espoir ; elle n’avait pas encore connu la souffrance dont son cœur était à jamais endolori.

— Pauvre Prickett ! Il est comme moi, se dit-elle ; les années écoulées ne paraissent pas avoir été heureuses pour lui. Comme il a le regard inquiet et hagard ! Lui d’ordinaire si placide, il est préoccupé et agité. C’est étrange aussi qu’il n’ait pas voulu se débarrasser du sac qu’il porte avec tant de soin. Il y a sans doute entassé des papiers importants qui lui ont été confiés par la Compagnie de la Baie d’Hudson.

Cette explication trouvée, Suzanne ne s’occupa plus de ce détail qui l’avait cependant frappée. Elle s’inquiéta plutôt de la santé de son hôte.

— Mon Dieu voilà que je néglige de m’informer de ses besoins possibles. Il est peut-être malade, il paraissait si souffrant ! Allons, je vais voir.

Elle se rendit à la chambre où donnait Arnold. La