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LE NOTAIRE JOFRIAU

toute conscience n’était pas encore disparue chez ce malheureux en qui les voyageuses de « La Légère » n’auraient pas reconnu le jeune anglais farouche et distingué qui avait été leur compagnon : Arnold Prickett, lui-même.

Sur quelle terrible pente l’avait conduit une funeste passion jamais ou mal combattue !

Appartenant à une famille aristocratique de Londres, il y avait reçu une éducation et une instruction soignée. Par malheur, une violente inclination pour le jeu s’était emparée de lui, l’entraînant dans une aventure déshonorante qui avait décidé son père à l’exiler.

Lord Prickett possédait des intérêts dans la Compagnie de la Baie d’Hudson, cette importante société de trafic des fourrures qui devait son établissement, en 1668, à deux explorateurs français : Esprit Radisson et Ménard Chouart Desgroseilliers. Le noble anglais y fit entrer son fils dans l’espoir de le corriger. En l’embarquant, il lui intima l’ordre de ne rentrer en Angleterre qu’après avoir gagné, par son travail, les quatre mille livres que lui-même payait pour acquitter la dette de jeu d’Arnold.

La conduite du jeune officier en Nouvelle-France fut d’abord irréprochable et ses services hautement appréciés. Hélas ! l’amour du jeu le reprit avec violence quand, récompensé de son travail, il se vit en possession d’une certaine somme. Un jour, pris