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LE NOTAIRE JOFRIAU

Il se décida alors de parler à sa femme d’une extrémité douloureuse à laquelle il se résignait :

— Ne penses-tu pas, Josette, qu’il vaudrait mieux, pour l’avenir de nos enfants et notre tranquillité, quitter Varennes et même le Canada ? Mon oncle François, qui se fait vieux, nous recevrait à bras ouverts et me donnerait les mêmes avantages que naguère, j’en suis sûr.

Monsieur Duval-Chesnay lui était apparu, en effet, comme le port où se réfugier alors qu’il se débattait comme une mouette dans la tempête, pendant ses longues nuits d’insomnie…

— Y as-tu songé sérieusement ? lui dit sa femme étonnée. Partir ainsi semblerait une fuite, ce serait presque t’avouer coupable. Supportons ces épreuves qui ne seront que passagères ; je ne désespère pas encore, moi. Du moment où nous croyons sombrer, un incident fortuit peut surgir qui rétablira tout. Prenons le conseil de madame d’Youville et suivons l’exemple de patience et de persévérance qu’elle nous donne. Le bon Dieu aura pitié de nous.

— Hélas ! puisse cette prophétie s’accomplir ! Tu as peut-être raison de vouloir rester ici. Moi, je enfin ! je ne sais plus penser ni réagir, moi. J’envie la résignation que tu conserves et que j’ai perdue.

Marie-Josephte se rapprocha de son mari qu’elle entoura de ses bras et tous deux, serrés l’un contre