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LE NOTAIRE JOFRIAU

résultat. Jofriau fut atterré. Les constantes relations qu’il avait eues avec le peuple au milieu duquel il vivait l’éclairait assez sur sa nature soupçonneuse et difficile à convaincre, pour qu’il entrevît l’impossibilité où lui-même se trouverait d’expliquer la disparition de la somme qui lui avait été confiée ; car il était le seul témoin du vol et le malfaiteur n’avait laissé aucune trace de son passage. Quelle preuve pourrait-il fournir de l’attentat hormis le témoignage de sa femme qu’il serait si facile d’accuser de complicité ! Sa noble et pure Josette, complice d’une action malhonnête, quel blasphème ! Les conséquences inévitables du drame, s’il n’arrivait à prouver son innocence en mettant la main sur le criminel, se déroulèrent devant l’imagination enfiévrée de Michel Jofriau. Il voit son bonheur conjugal ruiné, sa carrière si florissante brisée ; Marie-Josephte, Louis, Anne et Madeleine, vivant dans l’ombre et dans une gêne voisine de la misère avec, au front, l’opprobre immérité de passer pour l’épouse et les enfants d’un voleur. Non ! cela ne se pouvait pas ! Dieu qui le savait innocent, ne permettrait pas cette injustice ; à tout prix ses recherches devront aboutir.

Soulevé par une nouvelle ardeur, Michel se détermina à continuer la poursuite : il parviendra à faire arrêter et condamner le scélérat qui le met en pareille impasse. Soudain, le souvenir lui vint de sa marraine, de la femme sublime qui oubliait ses propres souffrances pour soulager celles des pauvres