Page:Senécal - Le Notaire Jofriau, 1935.djvu/78

Cette page a été validée par deux contributeurs.
85
LE NOTAIRE JOFRIAU

— Sais-tu Michel ? j’ai parfois de noirs pressentiments ; il me semble que notre cher bonheur ne peut durer. Ainsi, ce soir, j’éprouve un étrange serrement de cœur alors que je devrais plutôt être gaie. Je sens comme des ombres malfaisantes rôder autour de nous.

Michel, se moquant un peu, lui répondit :

— Tu es fatiguée, ma petite, tes nerfs tendus te suggère ces noires pensées. Il est tard, allons nous reposer. Demain matin, après une bonne nuit de sommeil, tu redeviendras sereine et gaie comme tu l’as été depuis sept ans que nous sommes mariés.

— Soit, tu as raison comme toujours, allons !

Bientôt les ténèbres s’amoncelèrent autour de ce toit où la lumière et la vie s’étaient endormies. À plusieurs reprises au cours de la nuit, Michel fut réveillé par les hurlements du vent ou le bruit sec d’un clou brisé dans le mur. Habitué à ces clameurs des nuits hivernales, il s’étonna d’en être troublé et se dit :

— Ma femme m’aurait-elle communiqué sa hantise de malheur ? Pourquoi ai-je tant de peine à trouver le sommeil ?

Il se retourna dans son lit et referma les yeux. Mais bientôt, de nouveaux bruits venus de l’intérieur, sembla-t-il, le firent se redresser et tendre fièvreusement l’oreille. Se trompait-il ? Était-ce toujours de la voix courroucée du vent que les échos retentissaient jus-