Page:Senécal - Le Notaire Jofriau, 1935.djvu/76

Cette page a été validée par deux contributeurs.
83
LE NOTAIRE JOFRIAU

parure qui la tentait. Il autorisa le marchand à ouvrir ses ballots et appela Josephte, l’invitant à choisir ce qui lui plairait. Mais au même instant, il entendit un nouveau coup de heurtoir et passa dans la salle voisine pour y recevoir les clients attendus. Madame Jofriau demeura seule avec l’homme qui avait étalé ses marchandises. Absorbée par le choix à faire, elle hésitait entre la loutre et le castor. Tour à tour elle palpait les peaux, glissait ses doigts dans les poils soyeux, drapait une fourrure sur ses épaules et l’enroulait autour de son cou. Elle cherchait l’effet en se regardant dans la glace. Le colporteur, assuré d’une vente fructueuse, suivait, amusé, ce manège, pendant que des bribes de phrases indiquant la clause du contrat que Michel lisait à haute voix, parvenaient à ses oreilles. Il n’y prêta d’abord aucune attention ; mais, soudain intéressé, il écouta davantage. La jeune femme ne l’observait pas.

« Quatre mille livres » entend-il ; et ce chiffre passe en éclair dans son cerveau. Dans le cabinet du notaire, après avoir fait signer les parties, Michel disait :

— C’est entendu, monsieur de Sérigny ; je garderai la somme jusqu’à ce que vous la preniez demain, en revenant de Boucherville. Je vais incontinent la mettre en sûreté dans ce solide tiroir.

Tandis que l’acquéreur et le vendeur, satisfaits d’avoir conclu une transaction depuis si longtemps pendante, quittaient l’étude Jofriau, Marie-Josephte