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LE NOTAIRE JOFRIAU

diguait des conseils et des encouragements. Et si, par suite de la perte d’une récolte ou d’une maladie, ils ne pouvaient faire face à une échéance, le notaire les protégeait d’un créancier impitoyable qu’il ramenait à plus d’humanité. Bref, il était le protecteur et le conseiller de cette population rurale, économe et laborieuse, qui vivait autour du clocher de Varennes.

Objet de l’estime de ses concitoyens dans sa vie extérieure et publique, Michel n’en était pas moins comblé dans sa vie familiale. Trois enfants étaient nés de son union avec Marie-Josephte Millault : Louis, Anne et Madeleine.

Dans la matinée du vingt-cinq janvier, quelques instants avant le repas du midi, le tabellion venait d’écrire le dernier mot d’un acte légalisant une transaction importante et qui devait être signée au cours de l’après-midi. Cette besogne terminée, il revenait vers sa femme pour lui exprimer sa satisfaction :

— Enfin, dit-il, acquéreur et vendeur sont parvenus à s’entendre. Depuis le temps que durent les pourparlers, ce n’est guère trop tôt.

— Qu’est-ce donc au juste, Michel ? Je sais vaguement que le Sieur de Sérigny et Antoine Huet se rencontrent souvent ici et que tu t’enfermes avec eux dans ton cabinet. Je n’ai jamais tenté d’en connaître davantage, sachant d’ailleurs, me heurter au secret professionnel que tu observes si scrupuleusement ; je devinais un peu de mystère, voilà tout.