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LE NOTAIRE JOFRIAU

Suzanne comprit que Michel était au courant de sa vilaine action. Mais consciente de mériter les dures paroles qu’il lui adressait, elle ne trouva plus les mots pour se défendre comme elle avait cru pouvoir le faire. Il était déjà rentré sans la regarder.

Une colère folle mordit l’amoureuse au cœur : jamais elle ne devra pardonner à Michel Jofriau l’affront qu’il venait de lui infliger. Elle se promit à l’occasion d’user de représailles. Les mois s’écoulèrent pleins de douceur pour ceux dont le cœur vibrait d’amour, cruels pour la délaissée.

Cependant la société canadienne hospitalière et gaie ouvrait largement ses portes à Mademoiselle Duval-Chesnay et l’invitait à faire de fréquents séjours à Montréal. Elle y avait des succès dus à sa beauté et à son esprit. Mais, si flatteurs qu’ils fussent ils ne parvenaient pas à étouffer son ardente flamme, et la jeune fille se dépitait de voir avec quelle indifférence Michel apprenait les galanteries dont elle était l’objet et les noms de ses multiples adorateurs. Parmi ceux-là, elle eut un jour la surprise de rencontrer, à un bal de l’Intendance, le lieutenant-enseigne de Martainville qui déjà, à Rouen, avait fait partie de sa cour et l’avait même demandée en mariage.

Quand l’avenir professionnel du notaire fut assuré, il demanda officiellement la main de Mademoiselle Millault. Et le mariage fut fixé à l’automne.

En ce matin de septembre, le vaste domaine des