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LE NOTAIRE JOFRIAU

rompit fièrement Marie-Josephte, chacune de vos paroles m’est une insulte : Votre cousine vient de me faire part de vos engagements à son égard. J’essaie d’apprendre à vous mépriser.

Une colère secrète s’empara de Michel contre Suzanne. D’une voix dont la sincérité vibrante toucha Marie-Josephte, il la pria de l’éclairer. Son amie lui dit tout. Indigné de l’allusion astucieuse de sa parente, Michel se contint encore pourtant :

— N’est-ce pas que cela, vraiment, Marie-Josephte ? Ma folle cousine a voulu badiner et c’est une espièglerie de sa façon qu’elle vient de vous faire.

Puis d’un ton grave, il ajouta :

— Je vous affirme sur mon honneur que rien de tel n’a jamais existé entre elle et moi. Ah ! mon aimée, de quel grand poids je suis délivré. Et la certitude que j’éprouve de posséder votre amour me remplit d’un ineffable bonheur.

Marie-Josephte, émue et subjuguée, leva la tête vers son compagnon ; une lueur ardente embrasa ses doux yeux bruns et toute son âme semblait palpiter sur ses lèvres quand elle dit :

— Oh ! Michel, je serais morte de douleur si vous m’aviez ainsi trompée. Et, pudique, un tendre sourire sur ses lèvres, elle ajouta : je ne savais pas vous aimer autant !

— Oh ! mon unique amour, lui dit-il d’une voix