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LE NOTAIRE JOFRIAU

— Volontiers, répondit celui-ci. Mais auparavant, je vais aller régler une affaire urgente, ici, tout près. Je reviens aussitôt.

— Soit, allez, Monsieur Jofriau, mais n’oubliez pas votre promesse de ne pas vous attarder, dit Marie-Josephte en rougissant.

— À bientôt, dit-il en saluant.

Le fleuve rapide et clair étincelle sous les rayons dorés. Une brise douce passe à travers le feuillage sombre et touffu des ormes qui bordent la rive. Sous la voûte dentelée des grands arbres, dans la fraîcheur des herbes, Marie-Josephte et Suzanne se promenaient en causant ; cette dernière jugeant que Michel ne devrait plus tarder, dit à sa compagne :

— Nous ferions bien de revenir sur nos pas si nous ne voulons pas que Monsieur Jofriau trouve le jardin désert à son retour.

— Oh ! mais il vient à peine de nous quitter, répond Suzanne. Ce spectacle me ravit… Ne nous hâtons pas trop, je vous prie, chère amie… Vraiment je me sens heureuse et tout acclimatée en cette Nouvelle-France, continuait-elle. J’y demeurerai sans regrets.

— Vous êtes donc venue pour y habiter ? risqua Mademoiselle Millault. La jalousie jetant le désarroi dans l’esprit de Suzanne lui fit commettre la plus naïve maladresse :