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LE NOTAIRE JOFRIAU

inclination sérieuse pour la jeune montréalaise. Pourtant, consciente de son pouvoir, elle ne s’avoua pas encore vaincue ; durant les jours qui suivirent, elle usa de tous ses charmes pour le conquérir et prit tous les moyens pour détourner de lui Mlle Millault. Adroite, elle faisait mine d’éprouver beaucoup d’amitié pour celle-ci et paraissait se plaire en sa compagnie.

Un jour que Michel, appelé par ses affaires, se rendait au village, Madame Jofriau en profita pour aller, avec Suzanne et son fils, visiter Madame Rolleville, tante de Marie-Josephte. Le notaire conduisait l’attelage à vive allure ; bientôt les premières maisons du village apparurent et quelques instants plus tard, les visiteurs pénétraient sous le toit de leurs amis.

— Quel spectacle magnifique ! Quelle est belle votre campagne canadienne !

— Vous êtes charmante, Mademoiselle, de nous dire si gracieusement que Varennes vous plaît et que vous ne regrettez pas trop votre belle France, dit Madame Rolleville.

Et s’adressant à Marie-Josephte :

— Ma chère enfant, conduisez donc vos amis dans le jardin où vous jouirez mieux du paysage.

Les jeunes filles s’apprêtèrent à sortir et Suzanne jeta à Michel :

— Vous venez, mon cousin ?