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LE NOTAIRE JOFRIAU

— Vous avez terminé vos affaires, père ? Causons encore en marchant ; il me faudra bien des jours pour épuiser ce que j’ai à vous dire et me rassasier de vous entendre.

René réglait son pas sur celui de son fils, ce beau garçon dont il était fier et qui venait de lui dire si naturellement ces douces paroles. Un secret émoi qu’il ne voulait pas laisser paraître, l’empêcha de parler pendant quelques instants. Peut-être était-il intimidé par Michel, un savant maintenant, avec l’allure d’un gentilhomme ! Enfin, il dit :

— Si, j’ai réglé cette vente de blé et me suis entendu pour le faire moudre. Tu as vu notre curé ? C’est bien à lui que tu devais ta première visite. Il est si bon pour nous ! Pendant que tu étais là-bas, il nous retenait souvent, après la messe, et nous parlait de toi ou nous lisait des passages de tes lettres. Il a beaucoup encouragé et consolé ta mère qui trouvait le temps long.

— Pauvre maman, dit Michel, elle a tant pleuré à mon départ que je regrettais presque de partir.

— Ne dis pas cela, mon garçon, ton retour et l’affection que tu nous témoignes nous récompensent des sacrifices que tes années d’absence nous ont fait faire.

L’oncle François, dans ses lettres, avait tenu les parents de Michel au courant de l’activité de celui-ci. Même un jour, il ne leur avait pas caché ses craintes que le jeune homme n’altérât sa santé, dans son dé-