Page:Senécal - Le Notaire Jofriau, 1935.djvu/40

Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
LE NOTAIRE JOFRIAU

tation communiqué à son oncle sa décision de retourner en Amérique. Mais l’image de Suzanne passant devant son imagination grisée, faisait fléchir sa volonté. Cependant, la vision de sa famille et de son pays venait aussitôt remplacer la gracieuse apparition sur l’écran du souvenir à mesure que s’y déroulait le cours de ses pensées. Il se revoyait là-bas, au delà de l’Océan, dans la maison paisible construite à la manière normande comme celle des pionniers de ce temps, venus pour la plupart de la Normandie et du Poitou. Basse, avec des murs de pierre surmontés d’un toit de chaume, elle n’a qu’un étage au-dessus du rez-de-chaussée. Celui-ci se divise en trois pièces ; l’une qui occupe tout un côté de la maison, sert de salle à manger et de cuisine. Le plafond est soutenu par des poutres qui le traversent et les fenêtres sont munies de multiples carreaux. Une autre salle est la chambre à coucher des époux ; et dans une pièce plus petite, Anne reçoit ses visiteurs. Deux chambres et un grenier se partagent l’étage supérieur à lucarnes mansardées. Sa mémoire fidèle en parcourait chaque pièce et, ayant ouvert l’huis, il s’arrêta à contempler le domaine ancestral. Du haut de son promontoire, l’habitation de René Jofriau, assise sur l’arête du cap Saint-Michel paraissait vouloir protéger contre les attaques ennemies le fief dont elle dépend. Tout autour, Michel considérait les champs et la glèbe ensemencés par ses pères. Son regard errait à la lisière du bois où les érables se pressent entre les hêtres et les