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LE NOTAIRE JOFRIAU

poussant votre sympathie spontanément offerte. Ne croyez pas petite cousine, que vous avez commis une indiscrétion.

— Oh ! je ne veux pas forcer vos confidences, je comprends que mes méchancetés des premiers mois de votre séjour vous ont à jamais indisposé contre moi. Mais, Michel, c’était fantaisie de petite fille mal élevée, et faut-il l’avouer, un peu de jalousie. Tout le monde, surtout mon père, vous témoignait tant d’affection. J’étais jalouse, comprenez-vous ?

— Vous êtes amusante, Suzie. Comment aurais-je pu vous ravir la tendresse de vos parents et l’admiration de ceux qui vous connaissent, moi le sauvage, comme vous m’aviez si bien qualifié ? Je n’avais d’autre intention que de travailler avec ardeur pour être plus vite en mesure de retourner dans mon lointain pays. C’est précisément le sujet de l’entretien que je viens d’avoir avec votre père.

— Votre départ ? interrogea Suzanne d’une voix qu’elle eut peine à reconnaître.

— Pas tout à fait, Suzie : de la possibilité de demeurer à Rouen.

— Oh ! fit-elle enthousiasmée, que nous en serions enchantés.

— Mon oncle, avec une générosité qui me confond et m’attriste parce que je ne puis y répondre, m’offre de me céder son étude et sa clientèle. Il veut