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LE NOTAIRE JOFRIAU

— Bonjour, ô le plus beau des canadiens, dit-elle rieuse.

— Bonjour, Suzie, la plus charmante des cousines de France et de Navarre, répondit-il sur le même ton.

Malgré la gaieté qu’il essaya de mettre dans sa voix, Suzanne y perçut comme une fêlure : elle le regarda plus attentivement.

— Michel, demanda-t-elle d’une voix tendre, cette nostalgie dont vous sembliez délivré depuis quelques mois serait-elle encore la cause de la tristesse que je lis dans vos yeux ?

— Vraiment, Suzanne, vous vous trompez, je ne suis pas triste.

— Oh !… alors n’en parlons plus puisque vous n’avez pas confiance en moi ; je ne vous interroge pas de peur d’être indiscrète. Causons d’autre chose. Dites-moi ? Avez-vous lu « La Princesse de Clèves » ? Lisez ce livre, voulez-vous ? Je serais contente d’en avoir votre appréciation. Je l’ai dévoré, un soir que je n’avais pas sommeil.

— Bien volontiers, Suzie. Jusqu’ici je n’ai pas eu le temps de lire de romans ; profitant de la belle bibliothèque de l’oncle François, je me suis arrêté à Pascal, Racine, Montesquieu, Corneille. Madame de la Fayette m’apportera un contraste qui sera agréable. Mais permettez-moi de revenir à ce que vous avez dit, tout à l’heure : je crains de vous avoir offensée en re-