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LE NOTAIRE JOFRIAU

re royal. Le jour où tu recevras tes parchemins, je réaliserai un rêve que je caresse depuis ton entrée chez moi : mes panonceaux porteront les deux noms : Duval-Chesnay et Jofriau.

Michel tressaillit. La rapide vision passa dans son esprit de son village au bord du grand fleuve, de ses bois et de son clocher. Il revit la maison paternelle et ceux qui y vivaient, le curé qui l’avait instruit et protégé et l’attendait avec l’espoir de le guider encore.

Ici, près de son oncle, c’était la clientèle choisie toute prête, une vie élégante, la possibilité d’atteindre à des charges publiques et rémunératrices, grâce à l’influence et aux relations de ses parents ; enfin, c’était la sécurité d’une existence sans souci matériel.

Là-bas, ce serait moins aisé : il lui faudrait se faire sa place au soleil, pratiquer la plus stricte économie, condition essentielle pour les colons canadiens ; ses honoraires seraient bien modestes et plus ardu le labeur qui lui assurerait le pain journalier.

Devant cette alternative d’une vie facile, en exil, loin de sa famille et d’une vie rude et laborieuse au pays natal, quel choix fera-t-il ? L’hésitation fut de courte durée. Bien vite sa décision fut prise. Les attaches profondes que l’amour du sol natal et de sa famille avait jetées en son cœur ont vibré. Malgré le regret qu’il éprouvait de contrister, son oncle au mo-