Page:Senécal - Le Notaire Jofriau, 1935.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.
30
LE NOTAIRE JOFRIAU

dans le cabinet vaste et sombre où monsieur Duval-Chesnay avait passé sa vie de notaire.

Le bel hôtel de son grand-père n’était qu’à une dizaine de minutes de l’étude. Michel, chaque matin, faisait une promenade en ville. Il lui arrivait de découvrir des coins nouveaux dont le pittoresque et l’ancienneté l’enchantaient. Après ces courses matinales, il se mettait allègrement au travail qui l’attendait. Depuis plus d’un an, il vivait cette existence studieuse autant qu’agréable que lui faisaient ses grands-parents et ses oncles.

Une nostalgie l’envahissait d’abord au souvenir de Varennes ; mais il réagissait vite et puisait dans la pensée du coin lointain de la Nouvelle-France où vivaient ses bien-aimés, une plus grande ardeur pour s’instruire. Les tendres conseils de sa mère le soutenaient et le protégeaient, car il n’avait pas tardé à se créer un cercle d’amis de son âge qu’avait attirés sa nature sympathique. Quelques-uns, clercs d’avoués comme lui, auraient voulu l’entraîner dans les plaisirs que sa délicatesse réprouvait : son respect filial pour les deux vieillards qui l’aimaient de plus en plus et la certitude que sa mère souffrirait du moindre de ses écarts l’avaient toujours retenu sur la pente dangereuse. De plus, les lettres de sa marraine lui étaient une précieuse leçon d’énergie persévérante.

L’étude, le travail assidu, le contact avec le monde si différent de celui où son enfance s’était écoulée,