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LE NOTAIRE JOFRIAU

zanne entra. D’un air assez peu engageant, elle enveloppa son cousin d’un regard qui le toisait de la semelle aux cheveux et daigna lui présenter le bout de ses doigts. Michel les baisa en souriant :

— À ces moments-là, mon cher oncle, je ne serai que votre clerc. Ici je veux être un peu votre enfant et le frère de ma belle cousine.

Mais le coup d’œil distant de Suzanne glaça le fils de René Jofriau. Élevé loin des villes, il ne se sentait pas encore bien accoutumé aux élégances de manières et de langage d’une société comme celle que fréquentaient ses parents de Rouen. Il eut l’impression que la jeune fille le trouvait ridicule et il rougit. Il se trompait un peu, car à ce moment précis, Suzanne se disait :

— Il est mieux que je ne l’ai vu, chez grand-mère ; pas mal, vraiment, pour avoir été élevé chez les sauvages. Sa taille élevée, ses cheveux bruns, ses yeux noirs, étrangement doux le rendent attrayant. Cependant, il a l’air un peu nigaud et ses manières frustes sentent le paysan. En somme, il est négligeable ; s’il s’avisait de devenir encombrant, je ne tarderais pas à le mettre à sa place.

Michel, heureusement inconscient de l’opinion qu’essayait de se faire de lui sa cousine, continuait de s’entretenir avec son oncle.

Il vint ensuite quotidiennement prendre sa place