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LE NOTAIRE JOFRIAU

tre famille, je suis heureux de votre séjour parmi nous ; je bénis la tâche que j’ai acceptée, de vous fournir les enseignements et la pratique de la loi. Ce sera, j’en suis sûr, une source de joies pour votre vieil oncle, car je crois avoir déjà découvert entre nous plusieurs points de similitude. En vous voyant je revis ma jeunesse. Quoique moins âgé que vous l’êtes cependant, moi aussi j’ai quitté le Canada pour venir étudier en France et mes grands parents m’ont donné l’hospitalité. J’ai fait ma cléricature chez le père de ma mère que j’eus l’honneur d’assister dans la rédaction du testament de maintes belles duchesses. J’ai cru constater de plus, mon neveu, que chez vous aussi, l’idéal et la poésie se sont emparés d’une bonne part de l’âme ; sur ce terrain encore, nous nous rencontrerons.

— Certes, mon oncle, j’avoue qu’il plaît fort de voyager dans le bleu.

— Tant mieux, cela ne vous empêchera pas d’être un bon notaire. Il faut un dérivatif à la monotonie des termes de loi. Dans la solitude de son cabinet de travail, quand le dernier client en a franchi le seuil, il fait bon d’ouvrir la porte au rêve : on cherche la magique extase de la poésie dans la lecture des chefs-d’œuvre qu’elle a produits. Ou encore on relit les auteurs dont les écrits font revivre l’histoire du monde, source inépuisable de réflexions et de méditations philosophiques.