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LE NOTAIRE JOFRIAU

raient son intelligence, sa haute culture artistique et l’instruction très étendue dont il faisait preuve. Tous cherchaient ses conseils et le consultaient sur les questions importantes. Le salon des Duval-Chesnay était souvent le théâtre d’intéressantes controverses philosophiques et religieuses, selon l’esprit qui agitait le dix-huitième siècle. À ces qualités, le père de Suzanne joignait un cœur excellent, des manières élégantes, une urbanité parfaite et une intégrité professionnelle qui faisaient de lui un excellent ami et un conseiller aussi sûr qu’écouté. On ne lui connaissait qu’une faiblesse : sa fille. Et si quelqu’un l’en blâmait tout bas, le plus grand nombre l’excusait, gagné par le charme de Suzanne qui savait conquérir quand elle s’en donnait la peine.

Seule de toute la famille d’Anne-Charlotte, la jeune fille avait accueilli Michel avec une froideur hautaine, vexée, eut-on pu croire, des attentions dont on entourait le nouveau venu et de l’affection qu’on lui témoignait. Celui-ci ne s’en aperçut guère, au milieu de la sympathie générale.

Quelques semaines après son arrivée à Rouen, le jeune clerc était présenté à l’étude Duval-Chesnay par son oncle lui-même qui avait eu la délicatesse de lui ménager, auprès de son personnel, une chaleureuse réception.

— Mon cher Michel, avait dit le notaire, quelques jours auparavant, plus que tout autre membre de no-