Page:Senécal - Le Notaire Jofriau, 1935.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
LE NOTAIRE JOFRIAU

s’ouvrait moins volontiers, étreint qu’il était d’une cruelle indécision.

Le tumulte qui régnait en l’âme de son protégé n’échappait pas au prêtre attentif. Il avait façonné cet esprit d’une main trop experte pour n’en pas pressentir les luttes. Il vit que deux appels puissants se combattaient en Michel : un monde souriant attirait le jeune homme que, par ailleurs, la beauté mystique de la vie des autels et l’âpre bonheur récolté au service des âmes émouvaient profondément. Comme le bruit confondu des flots et du vent pendant l’orage, ces deux voix retentirent dans le cœur de Michel, au seuil de ses vingt ans.

Enfin, après des jours de solitude farouche et de réflexion angoissée, il se décida à confier ses doutes à celui qui avait pétri avec tant de prudence son âme et son esprit. Il lui fit part de l’attrait qui le poussait vers la profession qui était presqu’une tradition dans la famille Duval-Chesnay. Malgré sa déception, le dévoué précepteur sentit que son élève ne parlait pas à la légère et que sa décision était bien près d’être définitive. Généreux toujours, il facilita à l’enfant qu’il aimait si paternellement le départ pour la France où il allait apprendre les préceptes et la pratique de la loi.