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LE NOTAIRE JOFRIAU

Varennes, et d’Anne-Charlotte Duval-Chesnay, fille d’un chirurgien du régiment de Carignan, apparentée, par sa mère, à une famille de Rouen anoblie par le roy Louis le Treizième. Les constantes relations sociales, d’amitié ou de famille, qui existaient alors entre les seigneurs et leurs censitaires avaient permis à Jofriau de connaître Anne-Charlotte, la nièce du seigneur. Quoique la jeune fille fut descendante de noblesse, la famille avait approuvé son amour pour un simple terrien ; et devant les qualités de René et les garanties de bonheur qu’il apportait, on avait facilité le mariage dont Michel était le premier-né.

Par suite d’une sommation royale, certains officiers des régiments de la Nouvelle-France avaient dû rentrer dans la mère-patrie. Le père d’Anne-Charlotte avait été un des premiers rappelés et la famille entière avait dû partir, laissant au Canada la jeune femme. L’immense tendresse que celle-ci éprouvait pour son mari fut son unique réconfort dans la douleur de la séparation.

Malgré l’éloignement des siens, Anne n’était pas demeurée isolée. Le charme de son caractère lui attirait de précieuses amitiés, que l’humble condition de son mari ne rebutait pas. Parmi les femmes et les jeunes filles qui faisaient partie de l’élite de cette époque à Varennes, l’une chérissait madame Jofriau d’une affection plus marquée. Anne de son côté l’aimait comme une sœur cadette. Quoique Marguerite Dufrost fut de quelques années plus jeune que