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LE NOTAIRE JOFRIAU

voit le coup qui atteignit leur sauveur et, vaillante, sans penser à son propre danger, elle s’élança à son secours. Aidé de son mari, elle l’entra dans la maison et fit tous ses efforts pour arrêter le sang qui s’échappait d’une large blessure. Ce fut inutile : la mort venait rapidement.

Le blessé entr’ouvrit ses paupières et vit, penchés sur lui, ses victimes d’autrefois. Il balbutie :

— Je suis Arnold Prickett… Pardon ! !

Les deux époux, saisis, se regardèrent et Michel fit un pas en arrière. Mais Marie-Josephte, lui prenant la main, la pose sur le front de l’agonisant et dit :

— Nous avons depuis longtemps oublié le coupable pour nous souvenir uniquement de celui qui a réparé en rendant à mon mari l’honneur et à nous un bonheur inespéré.

Et Arnold Prickett ferma ses yeux pour toujours sous le double regard qui pardonne et s’apitoie.


Varennes, juin 1932.


FIN