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LE NOTAIRE JOFRIAU

dit-il. Et je vous félicite en rendant honneur à votre courageuse persévérance. Mais, hâtez-vous, ne perdez pas un instant pour vous rendre à Montréal où vous trouverez les moyens de vous innocenter. Ceux qui vous connaissent bien n’ont jamais douté de vous, croyez-le. Un bateau part aujourd’hui, tâchez d’y prendre passage.

Michel remercia avec effusion et, sortant du Château, se dirigea vers le port.

Un vent favorable poussa le navire jusqu’aux Trois-Rivières où il devait faire escale. Michel en profita pour aller voir madame de Martainville, tout impatient de lui raconter ce qui lui arrivait, car il la savait au courant de son infortune. Surpris et charmé de cette visite inattendue, le commandant accueillit cordialement le parent de sa femme, sans remarquer l’attitude étrange que prit Suzanne à la vue de ce dernier. Pas plus que Michel, du reste, qui tout à son bonheur, leur disait en paroles pressées sa prochaine délivrance des soupçons qui avaient pesé sur lui et son indicible soulagement de sortir enfin de l’impasse où il s’était si désespérément débattu. Monsieur de Martainville manifesta une joie sincère et insista pour connaître tous les détails de la triste aventure de son hôte. Sans se faire prier, Jofriau revécut, pour ses cousins, sa dure odyssée et toutes les angoisses qu’il avait subies. Suzanne l’écoutait en silence et constatait, l’âme en émoi, les ravages causés chez Michel par le malheur : ses traits creusés, ses