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LE NOTAIRE JOFRIAU

leur repos, déclarant qu’elle veillerait elle même jusqu’au jour. Restée seule, elle pria, avec le pieux espoir que le blessé reprendrait connaissance pour obtenir le pardon de Dieu avant d’expirer. Toute la nuit, elle épia un signe de lucidité. Après avoir été pansé, Arnold était tombé dans un coma voisin de la mort. Au matin, la religieuse fit appeler un chirurgien qui déclara le blessé perdu. Néanmoins, il refit le pansement et prescrivit une potion ; puis il abandonna le mourant aux soins de sa sublime garde-malade. La fièvre monta bientôt amenant le délire. Des mots incohérents s’échappaient des lèvres de Prickett : « Home »… « mother »… l’argent… « ici »… « give it back ». Madame d’Youville, revenue près de lui, constata par ces mots que le malade était un étranger. Tout le jour, aidée de ses compagnes, elle tenta de lui faire retrouver ses esprits ; mais ce fut en vain. La nouvelle nuit s’écoula sans aucun changement. Dans la matinée du lendemain, cependant, la fièvre ayant quitté le blessé, il parut reprendre conscience bien qu’il fut visible que la fin approchait. Enfin, malgré sa grande faiblesse, il put répondre à quelques questions :

— Pouvez-vous nous dire votre nom ? lui demanda doucement la sœur.

— Arnold… Prickett… murmura-t-il.

— Votre famille habite-t-elle Montréal ?