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LE NOTAIRE JOFRIAU

nay reprit la conversation interrompue par l’arrivée de Suzanne :

— Alors, mon cher enfant, la médecine ne vous attire décidément pas ? J’aurais été heureux de vous voir embrasser la profession que j’aime si profondément. Elle m’a fait vivre les meilleures heures de ma vie. Là-bas, chez-vous, vous trouveriez l’occasion d’être secourable en l’exerçant, comme je le fus moi-même, pendant mon séjour en Nouvelle-France. Ne le pensez-vous pas ?

Passionnément attaché à son art, le vieux docteur tentait d’en montrer la grandeur à Michel. Mais celui-ci, très respectueusement, lui prouva que la science d’Esculape le laissait indifférent.

Madame Duval-Chesnay, revenue auprès d’eux, le soutint en souriant :

— Je ne dédaigne certes pas la profession toute de dévouement et de dur labeur de mon cher mari, dit-elle, Dieu m’en garde ; elle nous a valu trop d’honneur, et surtout, elle lui a donné tant d’occasions de faire du bien. Mais puisque c’est ton goût, mon petit, je suis heureuse de penser que tu seras notaire comme mon père le fut, comme le sont mes frères et mes fils.

— En effet, reprit monsieur Duval-Chesnay, marchez, cher enfant, dans la voie qui vous attire : aller à l’encontre de ses aptitudes c’est courir à un échec. Ce que je viens de dire en faveur de ma propre car-