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LE NOTAIRE JOFRIAU

lement et vous me rendriez vraiment un grand service. Dites-moi que je puis compter sur vous.

Ces sollicitations vainquirent la résistance de Michel :

— Oui, dit-il, j’irai ! Et à la grâce de Dieu !

L’autre lui serrant énergiquement les mains :

— Merci. Nous partirons bientôt.

— À la bonne heure, je suis prêt, répondit Michel.

Dès le point du jour ils se mirent en route. Guidés par les sauvages ils abandonnèrent les berges du Saguenay et s’orientèrent vers le nord. Michel eut l’impression de quitter le monde vivant quand il s’engagea dans ce pays désert, enveloppé de silence, où rien n’avait l’air d’exister. Ils avancèrent ainsi pendant plusieurs jours. La neige se mit à tomber en flocons denses et continus, ce qui rendit la dernière étape excessivement pénible. Deux des voyageurs, dont le chef de l’expédition qui avait entraîné Michel, furent les victimes du froid et de la maladie. Avant d’expirer, l’employé confia au notaire l’important rapport qu’il avait été chargé de remettre au gouverneur de la Compagnie.

Tristes, las, épuisés, craignant de mourir à leur tour, les survivants allaient à travers le désert immaculé. Mais leur indomptable énergie les fit triom-