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LE NOTAIRE JOFRIAU

core cette longue distance à parcourir dans les plaines de la Baie James ! Mon Dieu ! ces vastes espaces de neige ne seront-ils pas le linceul qui ensevelira ma vie et mes espérances ? Pourquoi ai-je quitté ma femme et mes enfants ? N’ai-je pas été trop téméraire ?

Pour un peu, il se serait laissé vaincre par le mauvais sort. Rêveur et sombre, il errait dans le poste, hésitant sur le meilleur parti à prendre et questionnant les hommes qui l’entouraient. L’un d’eux lui répondit :

— Il y a loin d’ici au fort Charles mais on y parvient tout de même. Du Saguenay à la Baie James, les explorateurs ont jalonné la route de nombreux points de repaire. Il me faut moi-même faire ce voyage avec quelques compagnons et je ne crains pas de l’entreprendre. Pourquoi ne viendriez-vous pas avec nous ? Deux guides indiens, habitués à ces contrées, nous dirigeront et nous serons quatre blancs bien armés et résolus.

Michel restait pensif et angoissé.

— Si je mourais, mon but ne serait pas plus atteint ; mon innocence ne serait pas reconnue et je laisserais dans la honte et la pauvreté ma Josette et ses orphelins.

Son interlocuteur se faisait plus pressant :

— Venez donc ! nous nous protégerions mutuel-