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LE NOTAIRE JOFRIAU

Vierge date de l’établissement à Varennes des soldats du régiment de Carignan. Un breton qui en faisait partie, effrayé des périls de la longue traversée, avait apporté avec lui un petit tableau de la glorieuse protectrice des marins si ardemment priée à Auray. Rendu au Canada, l’enfant d’Armor continuait à vénérer la chère sainte, et sa foi en elle se communiqua à la population qui éleva la chapelle où Josette allait supplier Dieu en faveur de son mari.

Michel avait laissé Québec presque joyeusement avec ses compagnons. Le voyage jusqu’à Tadoussac, bien que long et pénible, s’effectua relativement bien. La petite expédition faisait halte en divers endroits pour y chasser les animaux à fourrure en même temps que le gibier dont elle se nourrissait. Après un mois de marche, elle entrait à Tadoussac.

— Enfin, se dit Michel, je touche au terme ! Dans quelques heures je saurai !

Hélas ! une nouvelle déception l’attendait qui faillit le terrasser. Le poste de Tadoussac n’abritait à ce moment que des employés subalternes chargés de traiter avec les sauvages. Les Directeurs, en effet, y étaient passés mais s’étaient remis en route après quelques jours pour le fort Charles. Jofriau, à demi-prévenu de cette possibilité, avait néanmoins espéré atteindre ces messieurs avant qu’ils eussent quitté le poste. Atterré, il se répétait :

— Au fort Charles ! sur la rivière Rupert ! en-