Page:Senécal - Le Notaire Jofriau, 1935.djvu/113

Cette page a été validée par deux contributeurs.
123
LE NOTAIRE JOFRIAU

ses enfants. Les semaines d’attente parurent longues à Michel, mais n’altérèrent en rien sa détermination. Sa pensée, franchissant l’espace, enveloppait constamment le foyer de Varennes et les lettres qu’il adressait à sa femme venaient ranimer le courage et calmer les inquiétudes de la pauvre Marie-Josephte. Ces missives faisaient revivre madame Jofriau qui trouvait moins douloureuse cette nouvelle absence à travers laquelle souriait l’espoir.

Elle interrogeait le ciel et les vents dans sa hâte de voir tomber la neige qui permettrait à son mari de poursuivre son voyage.

Au matin de la sainte Catherine, elle fut tentée d’imiter ses enfants et de saluer la première « bordée » par de frénétiques battements de mains. Deux semaines plus tard, une lettre de Michel, l’avertit qu’il se remettait en route dans quelques jours. Puis ce fut le silence. De longtemps, elle ne reçut rien du cher voyageur.

— Mon Dieu ! ayez pitié de nous tous et protégez mon époux afin qu’il résiste aux misères du voyage.

Et se dérobant autant qu’elle le pouvait à tous les regards, elle cachait, avec la pudeur des âmes élevées, les larmes que l’angoisse et l’inquiétude lui faisaient verser. Quand la température le permettait, elle allait s’agenouiller avec ses enfants dans la fruste et primitive chapelle dédiée à sainte Anne. La légende assure que la dévotion des colons à la Mère de la