dix-huitième siècle, il ne faut point l’oublier, ne tient pas tout entier dans un roman de Marivaux, ou dans un panneau de Boucher. Le cabinet d’étude lambrissé et tout tapissé de cartes de géographie y côtoie le boudoir, le miroir pomponné de rubans roses et encadré de dentelles s’arrange fort bien du sérieux voisinage de la bibliothèque et des sphères. De même, si vous jetez les yeux sur les portraits du temps, vous n’y verrez pas toujours la volupté se déguiser en Diane chasseresse, emprunter l’équipage et la ceinture de Vénus. À côté de la provoquante madame Boucher arrangée en vestale par Vanloo, voici, telle que Latour nous la représente, une intelligente et sérieuse personne qui médite à demi penchée sur un livre et s’appelle madame de Pompadour. Pour réussir dans un pareil monde et pour s’en distinguer, il ne fallait rien moins que le prestige supérieur d’une beauté ou d’un esprit remarquable. Madame d’Épinay, comme la plupart de ses contemporaines, avait surtout à son service du jugement et du savoir-faire. Mais le souhait de plaire la guidait et développait en elle les dons d’ailleurs médiocres dont la nature l’avait pourvue. Aidée de ce grand maître en intrigue, elle devina qu’il
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