Page:Selden – Les Derniers Jours de Henri Heine, 1884.djvu/76

Cette page a été validée par deux contributeurs.

au bout d’un certain temps. La majeure partie du public, qui ne s’intéresse point à des personnages dont la plupart ont disparu de la scène, n’aperçoit plus que la mesquinerie des querelles et se demande à juste titre s’il y a vraiment lieu de plaider lorsque personne ne songe plus à accuser. Restent les parents, les amis du poète, qui déplorent surtout l’inutilité d’un travail qui a pu contribuer à abréger une vie précieuse. Que de fois j’ai trouvé Heine couvrant les grandes feuilles de papier blanc, éparses devant lui, de ces vigoureux caractères dont la forme seule trahissait l’audace et la netteté de sa pensée ! Le crayon, qui courait avec une activité fébrile sur les blancheurs de la page, prenait, entre les doigts effilés du malade, l’inflexibilité d’une arme meurtrière, et semblait raturer des réputations intactes. Un jour, le bruit du crayon fut remplacé par celui d’un rire cruel, un rire de vengeance assouvie. Je regardai