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curiosités étranges, tantôt superbes, tantôt bizarres, tantôt funèbres. Ce que volontiers il représente, ce sont des formes splendides, accouplées en groupes monstrueux ; ici, un enfant collé au sein d’une déesse ; là, un adolescent pâmé et sanglant qui étreint un sphinx ; là-bas, un homme pressant entre ses bras un cadavre. Belles ou sinistres, ces figures saisissent et retiennent le regard ; derrière elles, on aperçoit une figure plus étrange encore, celle du poète : un visage pâle, à l’œil ardent, au sourire froid, une tête ravagée par le travail des curiosités et des anxiétés intérieures, affinée par les tendances d’une pensée qui ne reconnaît aucun frein. L’esprit qui l’habite est aussi naturellement révolté qu’original : dès le début, il a dédaigné l’opinion commune, il a secoué le joug de la loi. Mais il est de trop haute race pour tomber dans les sophismes philosophiques qui, au temps de Schiller, transformaient un fils de famille aigri en chef