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allongea vers eux sa trompe comme pour demander quelque chose.

« On croirait, dit Blaise, qu’il demande son dessert ; j’ai tout juste dans ma poche une demi-douzaine de pommes que j’ai ramassées devant notre porte ; je vais voir s’il les aime. »

Et Blaise présenta une pomme à la trompe de l’éléphant ; l’animal la flaira un moment, la saisit et l’avala ; une autre, puis une troisième eurent le même succès ; quand toutes les six furent mangées et qu’il continua à allonger sa trompe pour en demander encore, Jules tira de sa poche une longue épingle avec laquelle il embrochait les pauvres papillons et hannetons qu’il attrapait, et piqua fortement le bout de la trompe de l’éléphant. Celui-ci parut irrité ; il secoua sa trompe et sa tête, leva les jambes l’une après l’autre comme s’il faisait le mouvement d’écraser quelque chose ; mais il se calma promptement et allongea encore une fois sa trompe, la dirigeant vers Blaise.

« Je n’ai plus rien, mon pauvre ami, dit Blaise en lui faisant voir ses deux mains vides et en lui caressant la trompe.

— Mais moi, j’ai encore quelque chose pour toi, mon cher, s’écria Jules. Tiens, tiens, tiens. »

Et il accompagna chaque tiens d’un fort coup d’épingle sur sa trompe allongée.