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Leur attitude recueillie frappa tous les yeux, émut tous les cœurs. Il y eut dans l’église un mouvement général de surprise lorsque, après la communion des enfants, on vit le comte, la comtesse et Hélène quitter leurs places et s’approcher de la sainte table.

« Le comte communie, disait-on tout bas.

— La comtesse aussi. Et Mlle Hélène aussi.

— Comme ils ont l’air ému !

— Le comte est tout changé, dit-on.

— La comtesse aussi ; il paraît que c’est le petit Anfry qui les a tous changés.

— Le pays y gagnera ; ils font beaucoup de bien depuis qu’ils sont amendés.

— C’est le petit Anfry qui a demandé au comte de garder la fermière Françoise, qui devait partir. Ils ont un nouveau bail de six ans, et ils sont bien contents.

— Chut, c’est fini ; chacun reprend sa place. »

Quand la messe fut finie et que l’église fut à peu près vide, il y resta encore cinq personnes qui priaient avec ferveur et qui ne songeaient pas au temps qui s’écoulait.

Le curé, au moment de quitter l’église, vint s’agenouiller une dernière fois devant l’autel ; il vit les deux enfants à genoux sur la dalle, les mains jointes, les yeux fermés, l’air si recueilli qu’il s’arrêta pour les contempler.