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saient tous les enfants. Il vint en effet prendre sa place entre sa femme et sa fille. L’église ne tarda pas à se remplir, et on entendit le son lointain des cantiques que chantaient les enfants en marchant processionnellement. Ils entrèrent deux à deux, le curé en tête ; Jules et Blaise le suivaient immédiatement. Après le défilé des dix-huit garçons et des vingt-deux filles, chacun prit la chaise qui lui était assignée. M. le curé alla à la sacristie revêtir des habits sacerdotaux, les chantres se couvrirent de leurs chapes, et le service divin commença, d’abord par la procession, que suivirent les enfants de la première communion ; ensuite vint la première partie de la messe, puis l’instruction ou sermon, que M. le curé eut le bon esprit de ne pas prolonger au delà d’un quart d’heure ; puis enfin la dernière partie de la messe, celle du sacrifice et de la communion. Jules et Blaise furent très-recueillis pendant toute la cérémonie. Au moment de quitter sa place pour approcher de la sainte table, Jules saisit vivement la main de Blaise et lui dit tout bas : « Une dernière fois, pardonne-moi, mon frère. »

Blaise répondit avec simplicité et douceur :

« Je te pardonne, mon frère, et je te bénis. »

Peu de minutes après, ils avaient reçu, tous deux appuyés l’un sur l’autre, le Dieu de miséricorde et de paix, le Dieu consolateur.