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qu’est le vrai bonheur en ce monde, la douceur qu’on peut tirer des peines, la consolation que donne la prière. Julie, chère Julie, je serai à mon tour votre maître, si vous le voulez.

La comtesse.

Oui, oui, mon maître, et toujours mon ami. Je sens mon cœur tout changé, amolli ; je commence à comprendre et à aimer votre changement, celui de Jules, à respecter les vertus d’Hélène, et à admirer celles du pauvre Blaise. Comment va-t-il, aujourd’hui ? L’avez-vous vu ?

Le comte.

J’y allais quand j’ai reçu sa lettre que je tenais à vous faire lire.

La comtesse.

Merci, mon ami, merci. Dites à ce pauvre garçon que je… non, non, ne dites rien ; je lui dirai moi-même ; mais pas encore… pas encore… Je veux seulement lui envoyer les enfants ; prévenez-le que vu son accident, je lève la défense, et que je lui laisse voir mes enfants. Envoyez-les-moi, mon ami ; ne leur dites rien ; permettez que je le leur dise moi-même. »

Le comte ne répondit qu’en serrant sa femme contre son cœur et en l’embrassant à plusieurs reprises avec tendresse ; il alla sans perdre de temps chercher les enfants, qui causaient de leur chagrin de ne pas voir leur cher Blaise.