Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/326

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une erreur, Julie. Il n’y a de difficile que le premier moment.

La comtesse.

Laissez-moi quelques jours encore, mon ami ; donnez-moi le temps de réfléchir, de me décider.

Le comte.

Prenez tout le temps que vous voudrez, chère amie, mais n’oubliez pas que vous avez planté des épines dans le cœur de Blaise et dans ceux de vos enfants, et que vous seule pouvez arracher et guérir les plaies que vous avez faites.

La comtesse.

C’est vrai, c’est vrai. Que faire, mon Dieu, que faire ?

Le comte.

Priez, ma bonne Julie, priez ce Dieu de miséricorde, que vous venez d’invoquer involontairement, de vous bien inspirer, de vous diriger dans votre retour de justice ; il ne vous fera pas défaut.

— C’est que…, c’est que… je ne sais pas prier, s’écria la comtesse en se jetant au cou de son mari.

Le comte.

Pauvre Julie ! c’est tout comme moi, mon amie ; moi aussi je ne savais pas prier quand Jules a été si malade ; Blaise a été mon maître ; par lui j’ai tout vu, tout compris ; par lui j’ai appris ce