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— Le courage ne me manquera pas avec l’aide du bon Dieu, monsieur ; vous pouvez commencer quand vous voudrez. »

Blaise fit un grand signe de croix et attendit en fermant les yeux.

Anfry était pâle comme un mort ; il eut à peine la force d’exécuter l’ordre du médecin, de tenir fortement la jambe de Blaise pendant qu’on tirait le pied pour le mettre en place.

Blaise ne poussa pas un cri ; un gémissement lui échappa au moment de la plus vive douleur.

« C’est fait, dit M. Taillefort ; le pied est bien remis. Vous avez eu un fier courage, mon ami, ajouta-t-il en enveloppant la cheville d’un cataplasme. Il n’y en a pas beaucoup qui supportent une pareille opération sans crier, et vous pouvez vous… Ah mon Dieu ! il s’est évanoui ! monsieur Anfry, du vinaigre, s’il vous plaît, pour bassiner les tempes et le front. »

Anfry voulut aller au buffet, mais la force lui manqua ; il retomba sur une chaise ; l’émotion avait été trop vive.

« Tiens, vous ne valez guère mieux que votre garçon, reprit M. Taillefort. Où trouverai-je du vinaigre ? Je vous en arroserai en passant. »

Anfry montra du doigt le buffet. M. Taillefort l’ouvrit et en tira une bouteille.