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La comtesse.

Laissez-moi parler ; vos interruptions ne m’empêcheront pas de dire que Blaise est un sot, qu’il vous a rendus tous aussi sots que lui, et que je vois très-bien que vous prenez aujourd’hui des airs de martyrs, parce que ce petit bonhomme a été se plaindre à vous de la défense que je lui ai faite de voir mes enfants, défense que je maintiendrai et que je saurai faire respecter.

— Vous n’y aurez pas grand’peine, Julie, répondit le comte avec calme, car Hélène et Jules sont très-décidés…

— À me désobéir sous votre protection ? interrompit la comtesse avec vivacité.

— À vous obéir, répondit le comte avec froideur, et à aider Blaise, par leur obéissance, à exécuter vos ordres, qu’il respecte, et dont il m’a donné connaissance, comme c’était son devoir de le faire. Il n’a porté aucune plainte contre vous ; il a pleuré parce qu’il souffrait, mais sans aucun sentiment amer contre vous, qui causiez sa souffrance. »

La comtesse se troubla et rougit ; elle passa dans la salle à manger. Le dîner fut silencieux ; la comtesse chercha plusieurs fois à engager la conversation ; elle fut aimable et prévenante, contrairement à son habitude, cherchant à égayer Hélène et Jules, et à dérider son mari.