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air hautain et fit un geste impérieux qui termina sa visite.

Le pauvre garçon évita l’antichambre pour cacher ses larmes aux domestiques, et sortit par un petit escalier qui communiquait à l’appartement du comte et des enfants. À peine avait-il franchi les premières marches, qu’il se heurta contre M. de Trénilly, que les larmes qui obscurcissaient sa vue l’avaient empêché d’apercevoir.

« Où vas-tu donc si précipitamment, mon ami, et comment es-tu rentré au château ? » lui dit M. de Trénilly en le retenant.

Blaise ne répondit qu’en se serrant contre la poitrine du comte et en donnant un libre cours à ses sanglots.

« Blaise, mon enfant, pourquoi ces larmes, ces sanglots ? lui dit le comte avec inquiétude. Que t’arrive-t-il de fâcheux ? Dis-le moi ; parle sans crainte.

— Pardon, monsieur le comte, mon bon monsieur le comte, répondit Blaise en retenant ses sanglots. C’est que je ne m’attendais pas… j’ai été pris par surprise… et je me suis laissé aller ;… mais je vais tâcher d’être plus raisonnable… plus résigné.

— Résigné ! à quoi donc, mon cher enfant ? De quoi parles-tu ?

Mme la comtesse m’a défendu de voir M. Jules