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visages allongés les jours où ils ne peuvent prétexter une promenade extraordinaire pour te faire leur visite ; il faudrait pour leur rendre leur bonne humeur que M. Blaise fût toujours près d’eux. Je sais que ma fille est entraînée par son père et par son frère à faire comme eux. Cet état de choses me contrarie et ne peut durer. Je t’ai fait venir pour te dire que j’ai encore assez bonne opinion de ta loyauté pour espérer être obéie en t’interdisant toute démarche qui pourrait te rapprocher de mes enfants ; quant au comte, tu peux passer ta vie à lui baiser les mains et lui faire des platitudes sans que je m’en préoccupe aucunement ; mais je ne veux pas de cette sotte amitié de mes enfants pour un fils de portier et un petit intrigant. Si tu veux obéir à la défense que je te fais, je m’occuperai de ton avenir ; je te ferai donner une bonne éducation, et je t’assurerai une rente qui te mettra à l’abri de la pauvreté. Acceptes-tu ?

— Madame la comtesse, je n’enfreindrai pas la défense que vous me faites, quelque chagrin que j’en éprouve ; je prierai M. le comte de vouloir bien m’aider à suivre vos ordres. Quant à la pension, à l’éducation et aux avantages que vous voulez bien me promettre, vous me permettrez de tout refuser. Je n’ai besoin de rien ; je ne veux pas sortir de ma condition, ni mener la vie d’un paresseux ; je gagnerai mon pain comme a fait