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Le comte.

Où est Blaise ? Serait-il déjà sorti ?

Anfry.

Il y a longtemps, monsieur le comte.

Le comte.

Où est-il allé ?

Anfry.

À l’église, monsieur le comte. Il a passé une triste nuit, et il a été chercher sa consolation près du bon Dieu ; c’est assez son habitude, vous savez.

Le comte.

Allons le rejoindre, mes enfants ; nous aussi nous avons besoin de force et de consolations. »

Le comte salua Anfry et se dirigea vers l’église, qui se trouvait près de là. Ils y entrèrent sans bruit, s’agenouillèrent dans un banc et aperçurent Blaise à genoux sur la dalle, la tête dans les mains et paraissant ne rien voir ni entendre. Ils attendirent longtemps un mouvement qui indiquât qu’il avait terminé sa fervente prière, mais Blaise ne bougeait pas ; il ne calculait pas le temps quand il priait. Enfin, il laissa retomber ses mains, releva lentement la tête et dit à mi-voix :

« Oui, mon Dieu, mon bon Jésus, mon cher Sauveur, j’obéirai ; je ferai le sacrifice ; je ne chercherai plus à les voir qu’à de rares intervalles ;