Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/255

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comte troubla et inquiéta les enfants ; le repas fini, Jules demanda à son père l’exécution de sa promesse. Le comte l’embrassa et sortit après lui avoir dit à l’oreille :

« Sois prudent, mon Jules ; ménage ta mère. »

Peu de minutes après, les portes s’ouvrirent et tous les gens de la maison entrèrent à la suite du comte, qui avait Blaise à ses côtés. La comtesse et Hélène n’étaient pas revenues de leur étonnement, lorsque Jules, pâle et ému, s’approcha de Blaise, le prit par la main, l’amena au milieu du salon et dit d’une voix haute, mais tremblante d’émotion :

« Mes amis, je vous ai tous fait venir ici avec l’approbation de papa, pour réparer autant qu’il est en moi l’injustice dont je me suis rendu coupable depuis deux ans envers mon pauvre Blaise…

— Monsieur Jules, monsieur Jules ! de grâce ! interrompit Blaise d’un air suppliant.

— Laisse-moi achever, Blaise ! Laisse-moi pour le repos de ma conscience, pour la satisfaction de mon cœur, dire ici devant maman, devant Hélène, devant tous, combien je les ai méchamment, indignement trompés sur ton compte ; j’ai tourné contre toi toutes tes bonnes actions ; je t’ai toujours calomnié, injurié ! Tu m’as toujours noblement et généreusement pardonné. Au lieu de te