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Le comte.

Mais, mon pauvre enfant, ce n’est pas un déjeuner cela, après toutes les fatigues que tu as eues, toutes les nuits que tu as passées ?

— Oh ! monsieur le comte, je me suis bien reposé cette nuit ; il n’y paraît plus.

— Vous pouvez vous en aller, dit le comte au domestique ; si j’ai besoin de vous, je sonnerai.

— Tu ne veux donc rien accepter de moi, Blaise, de moi qui ait tant accepté et reçu de toi, continua le comte. Prends garde que ce ne soit encore de l’orgueil, ajouta-t-il en souriant et en passant amicalement la main sur la tête et sur la joue de Blaise.

— Non, monsieur le comte, vrai, ce n’est pas de l’orgueil ; je recevrais de vous plus volontiers que de tout autre ; cela me ferait même plaisir de vous donner cette satisfaction. Car,… ajouta-t-il d’un air pensif, je sais que votre cœur déborde de reconnaissance pour les soins que j’ai donnés à M. Jules, et que vous ne savez que faire pour me le témoigner… Attendez… attendez… je vais vous contenter. Habillez-moi de neuf pour la première communion, dans un mois. Cela me fera un grand plaisir et à papa aussi, car c’est cher pour des gens comme nous… Voulez-vous ? voulez-vous ? reprit-il avec vivacité. Quant à la volaille, vraiment je n’ai pas faim.